Lepetitmondedeloris

C’est drôle je me réveille dans mon ancienne chambre,

Celle que j’occupais quand j’avais quatorze ans.

Le vieil édredon aux doux effluves d’ambre

Recouvre mes genoux comme un corps bienfaisant.

Je n’ai plus mal au dos, mon menton est tout glabre.

Incroyable,  j’ai toujours cet affreux pyjama !

Sur le mur un poster de la danse macabre,

Lugubre et monochrome, s’offre en panorama.

Posée près de la porte je revois la besace,

Un sac américain que j’avais décoré.

Sur le devant des badges prennent toute la place :

Genesis, Led Zeppelin, Magma, AC-DC.

Le bureau est couvert de livres, de cahiers,

De feutres, de stylos et de papiers buvards.

Mon normographe vert, je l’avais oublié,

Je crois que j’ai encore son odeur en mémoire.

Et puis l’armoire en bois avec son grand miroir

Qui, s’il pouvait parler, vous dirait qu’il m’a vu

Tour à tour culturiste faisant le grand écart

Guitariste endiablé ou chanteur très connu !

Un placard coulissant offre à mon regard

Une paire de Santiag finement ciselée

Des Stan Smiths éclatée, une boite à foulards,

Des chemises sans cols, blanches et bien repassées.

Quelques bâtons d’encens plus ou moins consumés

Salissent le bois vernis de la table de nuit.

Une cassette audio, trop souvent écoutée,

Déroule ses rubans jusque sur le tapis.

Mon frère ouvre la porte ;  mon Dieu, il a quatre ans !

Il me saute dessus en riant aux éclats.

Le relief de mon ventre est un peu différent,

Autrement dessiné, plus tendu, presque plat.

Je reste dans le lit en écoutant la pluie

Mais il n’y a aucun doute, tout ici est réel.

C’est à peine croyable, j’avais rêvé ma vie !

Le jardin est si beau en cette ère nouvelle.

Le 13/09/2018 à 19h28 -