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Date de création : 08.02.2015
Dernière mise à jour : 04.10.2025
563 articles


LES INDESIRABLES (4ème partie et fin)

Publié le 22/02/2015 à 19:39 par lepetitmondedeloris
LES INDESIRABLES (4ème partie et fin)

13

 Vers 14 heures, le couple déjeuna dans un petit restaurant sur le port de plaisance Jehan-Ango : « Le Café Suisse ».

Dés leur arrivé dans l’établissement Jean demanda au maître d’hôtel :

-        Sommes-nous dans le fameux « Café Suisse » où Oscar Wilde avait l’habitude de prendre ses pots ?

-        Non, je ne crois pas Monsieur, ce restaurant est plus récent. Mais c’est en partie, à cause de cette anecdote que nous avons baptisé ainsi notre établissement.

Le maître d’hôtel les installa et leur donna les menus. Quelques minutes plus tard, il se présenta à nouveau devant eux.

-        Vous avez choisi ?

-        Je prendrai une cassolette de moules, une sole dieppoise et je finirai par une crêpe cauchoise flambée aux pommes, fit Delphine.

-        Pour ma part ce sera un foie de saillot et une marmite. Je ne prendrai pas de dessert.

Une fois l’employé reparti, Delphine demanda :

-        Qu’est-ce que c’est une marmite ?

-        C’est une spécialité de la région. Une sorte de bouillabaisse normande où la crème remplace la tomate. C’est un mélange de poissons « nobles » et de coquille St Jacques.

-        Mais comment savez-vous cela, vous m’avez avoué, l’autre jour, n’avoir jamais mis les pieds dans le pays.

-        Lorsque j’ai choisi Dieppe je me suis documenté sur la région. Ainsi, j’ai appris pas mal de trucs sur l’histoire de la ville. Tenez, vous voyez cette gravure sur le mur ?

-        Oui, elle est très jolie.

-        Elle représente les armoiries de la ville. On y voit un navire entouré de deux sirènes tenant, chacune, un miroir. Le tout est surmonté d’une tête de chérubin aux ailes déployées. Enfin, à la base, il y a une croix de guerre.

-        Tout cela est très symbolique.

-        Vous ne croyez pas si bien dire. Le bateau pourrait très bien signifier le départ de tous les indésirables vers Dieppe. Les sirènes seraient les murs qui les retiennent et l’ange la bénédiction de Dieu.

-        Et la croix de guerre, Professeur ?

-        Elle symbolise la croisade que nous menons contre la délinquance.

Les yeux de Delphine scintillaient de l’admiration qu’elle portait à son amant. Le reste du repas ne fut que mots doux, gentillesse et politesse.

 

A leur sortie du restaurant, ils visitèrent la ville. Dieppe était lovée au creux de deux hautes falaises blanches surplombant la mer. Ils s’embrassèrent en regardant les vagues.

-        Tout à l’heure nous sommes passés devant un écriteau sur lequel était inscrit : Dieppe, la ville aux quatre ports. Qu’est-ce que cela signifie, demanda Delphine.

-        Tout simplement que la ville possède un port de plaisance, un port transmanche, un port de pêche et un port de commerce.

-        Effectivement ! Tout cela me paraît fort logique, conclue Delphine.

Le couple continua sa visite jusqu’au crépuscule. Leur promenade les emmena du centre ville aux différents ports. A aucun moment, ils ne virent de signes suspects laissant supposer la présence d’immigrés indésirables. Ils le regrettaient presque mais leur entreprise avait quelque chose de magique qui les consolait. Sur la banquette d’une brasserie déjà illuminée, Jean caressait les épaules de Delphine qui fermait les yeux pour mieux apprécier le moment.

Soudain, un coup de feu retentit et un homme d’une cinquantaine d’année s’écroula. Un malfaiteur lui avait tiré dessus et l’avait blessé à la jambe.

-        Rattrapez-le cria une femme affolée.

Arme au poing, l’homme cagoulé menaçait sa victime qui gisait à terre, la jambe ensanglantée.

-        Toi la pétasse, tu me donnes ta caisse ou je retapisse ton troquet à la cervelle, hurla le malfaiteur en jetant, un sac en toile de jute.

 Les mains tremblantes, la patronne ouvrit sa caisse enregistreuse et déversa le contenu dans le sac.

-        Maintenant, tu passes entre les tables et tout le monde dépose son portefeuille et ses bijoux.

Un par un, les clients de la brasserie s’exécutèrent. Delphine et Jean se tenaient collés l’un contre l’autre.

Jean jeta son portefeuille et son argent dans le sac. La collecte terminée, le malfaiteur s’enfuit prestement. Jean se leva d’un bond pour le voir à travers la vitre. L’homme s’engouffra dans une BMW blanche qui démarra en trombe.

-        Ce sont bien ceux d’hier soir.

Lorsqu’il il se retourna, tous les regards étaient rivés sur lui. Gêné, il baissa les yeux et se rassit docilement prés de Delphine. Ils restèrent bloqués dans ce café plusieurs heures. La police voulait les interroger un par un.

 

A la nuit tombante, ils rentrèrent à l’hôtel, épuisés. Delphine prenait un bain faisant glisser malicieusement le savon parfumé entre ses seins gonflés (avec un peu de perspicacité, vous devriez trouver qui rédige). Le portable de Jean se mit à jouer les premières notes de mission impossible.

-        Allô !

-        Jean ? C’est Fontanar !

-        Salut, Philippe. Tout se passe bien ?

-        Ce soir, pendant le Bigdil, l’opération « Indésirables » commencera. Où es-tu là ?

-        A Dieppe.

-        Ne traîne pas trop dans le coin, si ton truc fonctionne, l’endroit va vite devenir dangereux.

-        Merci du conseil mais je veux assister à leur arrivé.

-        OK ! Comme tu veux. Tiens-moi au courant.

-        Ciao!

Delphine sortit de la salle de bain, vêtue d’une nuisette transparente en soie noire et de bas résille. Elle remarqua que Jean bouclait les valises.

-        Que faites-vous, demanda-t-elle, les mains posées sur les hanches.

-        Dans une vingtaine de minutes le Bigdil commence.

Le scientifique suait à grosses gouttes.

-        Et bien-sûr, nous devons faire nos valises chaque fois que Lagafe arrive, répondit-elle d’un ton ironique.

-        Vous ne comprenez donc pas ? Je viens d’avoir Fontana au téléphone, la machine infernale sera lancée ce soir pendant l’émission. Je ne sais combien d’indésirables vont se pointer d’ici quelques heures.

Un instant, le visage de Delphine se figea. Avec une rapidité peu commune pour une femme, elle retira sa nuisette devenue soudainement superflue. Elle enfila un pull, un jean et des baskets.

A dix-huit heures cinquante-cinq précises, les deux amants étaient devant la télévision. Les valises attendaient à leurs pieds. Jean jouait nerveusement avec les clefs de voiture. Dans une ambiance haute en couleur, Lagafe fit son apparition. Il portait un de ses innombrables costumes criards que personne ne mettrait. Durant l’émission, Jean pensait à toutes ces familles dieppoises, certainement très heureuse de vivre dans leur région. Elles devraient bientôt connaître un exil vers Paris ou d’autres grandes villes.

Mon Dieu, pourquoi n’avait-il pas choisi un autre endroit, plus désertique (je demande à tous les Dieppois de nous excuser pour ce choix arbitraire, mais les seules recettes culinaires que Loris connaisse sont celles de votre région).

Les premiers signes apparurent à la fin de l’émission. Lagafe, à bout de souffle, tentait encore de décrocher un sourire à la ménagère de plus de 50 ans. Peu avant la fin, l’émission fut interrompue par un flash spécial. PPDA apparut à l’écran. Sa voix chaude et familière, commentait les images défilant à l’écran :

-        Depuis dix-neuf heures, toutes les voies d’accès en direction de la Haute Normandie sont saturées. Nous avons tenté de comprendre cet engouement soudain. En direct de la porte de la Chapelle, je vous propose de retrouver Jean-Pierre Pages !

Le journaliste se tenait debout entre deux interminables files de voitures, chargées à bloc.

-    Jean-Pierre, me recevez-vous ?

-        Parfaitement, Patrick.

-        Comme je le disais à l’instant aux téléspectateurs, vous vous trouvez à la sortie de la porte de la chapelle. Quelle est l’ambiance sur place ?

-        Hé bien comme vous pouvez le constater, c’est dans ce décor futuriste et un peu surréaliste que, par centaines, les véhicules semblent déserter la capitale. Bison futé n’avait pourtant pas classé cette journée en rouge.

Le visage rassurant de PPDA réapparut à l’écran :

-        Pouvez-vous interroger un de ces automobilistes pour savoir ce qui le pousse à quitter la capitale ?

-        Bien qu’ils n’aient pas l’air très accueillants, je vais tenter le coup.

Avec une extrême prudence  le journaliste frappa au carreau d’un conducteur. La vitre se baissa aussitôt.

-        Qu’est ce qui veut le bouffon, qu’on lui fasse avaler son micro ?

-        Bonsoir vous êtes en direct sur TF1. Nous voudrions comprendre les raisons de cet engouement soudain.

-        On se casse à Dieppe, c’est comme ça mon pote. Maintenant dégage ou j’técrase.

-        Juste avant de nous quitter, pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette ruée vers Dieppe.

Pour toute réponse, le journaliste eut droit à un énorme cracha qui glissa sur l’objectif de la caméra. PPDA réapparut, avec un sourire gêné.

-        Nous sommes désolés pour cet incident, dit-il mais j’apprends à l’instant que ce mouvement n’est pas exclusif à Paris. Marseille, Lyon, Strasbourg, Nice, Toulon et beaucoup d’autre villes connaissent la même ruée vers Dieppe.

Jean se leva d’un bond. Il se dirigea vers la fenêtre de la chambre qui donnait sur la rue. Les Dieppois sortaient un à un de chez eux. Les femmes semblaient hystériques. Les enfants, en pyjama, pleuraient accrochés aux jambes de leurs parents. Devant ce triste spectacle, Jean prit son téléphone et appela Fontana.

-        Allô ! Philippe, il faut tout arrêter.

-        T’es fou ou quoi ? Au contraire ! Je suis sur le point d’infiltrer France 2 et France 3. Viens à Paris, ici c’est le kif. Les Parisiens sont sortis dans les rues, les gens dansent et s’amusent de partout. La ville est devenue en quelques heures la capitale la mieux fréquentée du monde.

-        Peut être, en tout cas je peux te dire qu’ici les gens ne dansent pas. Ils ont peur Philippe ! Dans quelques heures ils devront tout laisser.

-        Arrange-toi avec ta conscience, c’est toi qui es venu me chercher alors merde ! Moi, je n’arrête rien. T’avais qu’à y penser avant, hurla Fontana en raccrochant le téléphone.

Jean se retourna vers Delphine qui continuait à regarder les actualités. Les images qui défilaient, montraient simultanément le départ des indésirables et les centres villes en liesse.       

Soudain des cris provenant du couloir attirèrent l’attention de Jean. Craintif, il entrebâilla la porte et y glissa un regard espion. Une femme en pleurs hurlait, suppliant son mari de rentrer à Paris au plus vite. L’homme était gros et portait une épaisse moustache grisonnante. Le corps enveloppé dans une robe de chambre en soie bordeaux, il sortit sa pochette et essuya ses lunettes de marque. Jean reconnu Gluvinage. L’homme répondit à la femme :

-        Je ne peux pas quitter Dieppe. Notre vie est ici maintenant.

-        Mais pourquoi, gémit-elle.

-        Je ne sais pas, c’est ainsi, voilà tout.

Résignée, l’épouse retourna dans la chambre tête basse. Déjà, les premières voitures arrivaient en ville.  

-        Mon Dieu, mais qu’ai-je fait, se lamentait Jean.

-        Oh professeur, quittons cet endroit immédiatement avant qu’il ne nous arrive malheur !

-        Vous avez raison Delphine, allons-nous-en.

La peur au ventre, le couple s’apprêtait à partir mais lorsque Jean ouvrit la porte de la chambre, une surprise l’attendait. Un homme se tenait devant lui, les bras sur les hanches et les jambes légèrement écartés. Le scientifique reconnut immédiatement Claude Masier.

-        Alors bonhomme, où tu vas comme ça ?

Avant même que Jean ne puisse répondre, Masier lui assena un magistral coup de tête. Le nez éclaté, le scientifique se releva terrorisé, les mains sur le visage.

-        Laissez-nous partir, je vous en prie. Voilà tout mon argent.

-        Bien sûr que je vais le prendre ton argent. Mais d’abord…je vais te tuer.

Hurlement de Delphine.

-        Ne t’inquiète pas salope. Je vais m’occuper de toi aussi. Tiens, tu sais ce que je vais faire, je vais te baiser devant l’autre tordu. Il paraît que ça se fait dans la haute…

Le malfaiteur s’approcha de la jeune femme et lui enfonça lentement le canon de son 11.43 dans la bouche en simulant une fellation. Tétanisée, Delphine ne bronchait pas. Masier se délectait manifestement de la situation. Il dodelinait des hanches en déchirant le sweat shirt de la jeune femme lorsque, contre toute attente, Jean se rua sur lui et lui mordit la jugulaire. Le sang gicla par petits jets saccadés. Masier se débattait en hurlant mais le scientifique ne le lâchait pas. Au bout d’un moment, le gangster cessa de gesticuler et s’immobilisa. Delphine était en larme et Jean maculé de sang. Sans prendre le temps de se changer il saisit Delphine par le poignet et l’attira hors de la chambre.

Dans le hall de l’hôtel, tout avait été saccagé. Le réceptionniste gisait à terre avec un couteau enfoncé dans le front. Un chien avait été empalé sur un lampadaire. Une tête décapitée flottait dans un aquarium. Devant ce macabre tableau, Delphine perdit connaissance. Jean tenta de la ranimer mais n’y parvint pas. Il la prit donc en poids sur son épaule et la porta jusqu’à sa voiture. Il l’allongea sur la banquette arrière et démarra.

Dans les rues, le cauchemar continuait. Des gens se faisaient agresser, des hommes se battaient, des femmes s’enfuyaient et des maisons brûlaient.

Plusieurs personnes jetèrent des pavés sur la voiture. Au milieu d’une rue, Jean assista à une scène étrange. Un homme armé d’une mitraillette balayait d’une rafale la vitrine d’une boucherie. Entendant le véhicule du scientifique il se retourna et pointa son arme vers le scientifique en souriant. Sans se poser de question, Jean fonça sur lui et le percuta violemment. Sous le choc, l’homme eut les deux tibias brisés et sa tête éclata le pare brise. Pendant quelques mètres, Jean conduisit avec un cadavre entre les essuie-glace. Epouvanté, il continua sa folle course en cherchant à sortir de la ville. A un carrefour, une brigade de trois policiers lui fit signe de s’arrêter.

Je suis sauvé, pensa-t-il.

-        Bonjour monsieur, veuillez arrêter le moteur du véhicule s’il vous plait.

-        Oui, voilà ! Ecoutez, je…

-        Ta gueule connard ! Hé les mecs, venez voir le joli petit lot que l’autre cave se trimballe à l’arrière. Ca vous dirait une tournante ?

-        Mais enfin vous êtes les garants de la loi, que signifie cette…

Le policier braqua son arme entre les yeux de Jean et lui intima de sortir. Il le fouilla sommairement et le fit mettre à genoux. Pendant ce temps, ses deux collègues déshabillaient Delphine sous les yeux horrifiés de Jean.

-        Vous n’allez tout de même pas la violer, murmura-t-il.

-        Non, bien sur que non. Connais-tu le sens du mot nécrophile, mon pote ?

-        Oui mais je …

Une détonation terrible empêcha Jean de répondre et il tomba, le visage dans l’herbe boueuse. Lorsqu’il se releva, il manquait à Delphine la moitié du crane. Le policier lui avait tiré une balle dans la tête à bout portant.

-        Allons-y les gars et toi, regarde ! Tu vois, mon pote, pour violer une personne, il faut qu’elle ne soit pas consentante. Ta copine elle ne dit rien, elle.

-        Ouais et qui ne dit mot consent, rajouta l’autre policier.

Tous trois partirent d’un éclat de rire tandis que Jean était pris de convulsions.

-        Bon passons au chose sérieuse dit celui qui braquait Jean. Je vais m’occuper de la p’tite dame. Et surveillez-moi l’autre abruti. S’il bouge, vous le descendez.

L’homme dégrafa son pantalon, saisit Delphine par les cuisses et la pénétra violemment. De temps à autre, il relevait la tête et souriait au scientifique sous le regard amusé de ses complices. Le « flic floc »  du cerveau dégoulinant semblait l’exciter au plus haut point.

Jean pensait sa dernière heure arrivée mais la providence mit sur son chemin une bande d’indésirables qui passait par-là en voiture.

-        Hé les mecs, qui a envie de bouffer d’la flicaille ?

Sans sommation, un des indésirables sortit de son blouson en jean un pistolet mitrailleur et  arrosa les policiers véreux. Par chance, ils ne virent pas Jean qui eut le temps de se réfugier sous sa voiture. Le scientifique vit les indésirables faire les poches aux fonctionnaires puis, pisser sur leurs dépouilles.

Lorsqu’ils furent loin, Jean sortit de sa cachette et embrassa une dernière fois, la main souillée de Delphine. Il remonta dans son Audi et quitta cet endroit maudit. Il choisit d’emprunter les routes nationales afin de croiser le moins de personnes possible. Son nez le faisait atrocement souffrir. Le froid de la nuit s’engouffrait dans le véhicule sans pare-brise mais ne calmait pas sa douleur. Après plusieurs kilomètres, il s’arrêta sur le bas côté de la route. Il sortit de la voiture, chancelant, il tituba puis il s’effondra.

 

14

 Deux ans plus tard, Jean ouvrit les yeux dans une clinique privée, prés de Rouen. A son réveil, le directeur de l’établissement était à ses côtés.

-        Où suis-je, demanda naturellement le scientifique.

-        Vous avez subi une agression et vous êtes resté très longtemps dans le coma mais tout ceci est terminé. Je suis le docteur Ségony et c’est un honneur pour notre de clinique de vous recevoir professeur. Je vais maintenant vous laisser car vous êtes fatigué et vous devez vous reposer. Je viendrai vous voir plus tard.

Dans la soirée, le docteur Ségony rendit visite à son prestigieux patient.

-        Alors comment allez-vous professeur ?

-        Doucement. Dites-moi, il y avait une jeune femme avec moi.

-        Oui, votre collaboratrice. Elle n’a pas survécu à ses blessures.

-        Mon Dieu, Delphine. Oui…Je me souviens à présent. C’est horrible.

-        Essayez d’oublier, chassez de votre mémoire ces événements. 

-        Quelle est la situation à Dieppe ?

-        Hé bien pour être tout à fait franc c’est devenu un véritable enfer, la terre promise de tous les délinquants de France.

-        Mais comment est-ce possible, demanda Jean hypocritement.

-        C’est un mystère. La vermine a déserté le territoire pour s’installer dans cette ville. C’est à n’y rien comprendre.

-        Et les forces de l’ordre ne réagissent pas ?

-        Non car paradoxalement, le reste du pays connaît un véritable bonheur. Ailleurs tout n’est que joie, liesse et farandoles. Les pouvoirs publics ont estimé que la situation était inespérée et un récent référendum a indiqué que 95 pour cent des français étaient favorables au maintien de cette conjoncture.

-        Mais la ville doit être surpeuplée…

-        Non, car la criminalité et en particulier les assassinats, régulent la démographie. On constate aussi que les femmes ne font plus d’enfants.

-        Mais comment ces gens vivent-ils ?

-        Le gouvernement leur parachute régulièrement des vivres et des objets nécessaires à la vie de tous jours.

-        Il doit y avoir un commerce parallèle, un marché noir inquiétant…

-        Pas du tout car l’Etat veille à assurer, par le biais des parachutages, le triples des besoins nécessaires.

-        Mais ça doit revenir une fortune…

-        Détrompez-vous. Songez que les prisons sont quasiment vides. Le nombre de magistrats a été divisé par dix depuis deux ans, celui des policiers par vingt. La répression et la prévention du crime représentaient avant ces événements un budget colossal, mille fois supérieur au coût de l’entretien de « Dieppe ».

Jean considéra un instant le docteur Ségony, puis il lui demanda s’il pouvait rentrer chez lui. Le médecin lui répondit qu’il fallait envisager une période d’observation mais qu’il pouvait raisonnablement espérer sortir dans un mois.

Quinze jours plus tard, Jean Deloreilla quittait définitivement l’établissement. Un taxi l’attendait dans les jardins de la clinique.

-        Vous faites les longues distances, demanda le scientifique.

-        Ca dépend ! Où désirez-vous aller ?

-        A Dieppe.

-        A Dieppe ! Vous êtes sur que le médecin qui a signé votre bon de sortie n’a pas commis d’erreur ?

Devant la réaction du chauffeur, Jean se reprit par une pirouette :

-          Et moi qui croyais que les chauffeurs de taxi avaient de l’humour… Connaîtriez-vous un loueur de voiture, je dois faire l’aller-retour pour Paris dans la journée et je n’ai pas de temps à perdre dans les trains.

L’homme déposa Jean devant une enseigne « Avis ».  Après avoir réglé les formalités de location le scientifique quitta Rouen à bord d’une Clio blanche.

Personne ne le revit jamais. On ne revit pas d’avantage, Philippe Fontanar.

Aujourd’hui encore, des petits avions bombardent régulièrement Dieppe tandis qu’ailleurs tout n’est que joie, liesse et farandoles.

 

FIN